Feedback de la campagne de crowdfunding de Yushing Eng
Bonjour à tous,
Inscrite depuis peu chez Live Mentor (organisme d'accompagnement en ligne pour accélérer notre projet), j'ai accès au groupe Facebook réservé à la communauté Live Mentor.
Chacun y publie ses problématiques auxquelles nous essayons tous d'apporter des éléments de réponse, mais aussi ses conseils et ses retours d'expérience sur les différents sujets liés à l'entrepreneuriat.
C'est ce qu'a notamment fait Yushing ENG, fondatrice de la marque Shing, une marque de maroquinerie en papier lavable.
Yushing a posté son retour d'expérience sur sa campagne de crowdfunding, et avec son accord, je le publie sur mon blog afin qu'il profite au plus grand nombre.
Bonne lecture !
*** Feedback campagne de crowdfunding ***
C’est un article pour partager une victoire (https://fr.ulule.com/shing-sac-papier/ ; objectif affiché : 100 préventes, objectif atteint : 215%, 25000€ de CA avec 65% de contributeurs du 3e cercle ==> le projet est vraiment lancé ! Je peux clamer haut et fort que la marque, c’est Shing et que je monte ma boîte).
C’est aussi et surtout un post pour décortiquer les choses à faire avant et pendant une campagne.
Précisions : je suis seule et à plein temps sur le projet. Je suis partie avec 500 abonnés sur Instagram (trafic qualifié), 250 sur Facebook (surtout famille et amis au début), 150 personnes dans la mailing list (trafic qui n’a pas convertit) et une dizaine d’influenceuses contactées (dont 4 bêta-testeuses).
*** ATTENTION : LONG PAVE A LIRE ***
Préparation
On avait beau me répéter qu’une campagne de crowdfunding, c’était chronophage et énergivore, je me disais : « mais non, ça va aller ». Et bien non, honnêtement, c’était un mois plus intense tu meurs. Alors oui, on tient à coup d’adrénaline, de pression et on écourte ses nuits, mais une fois la campagne passée, on est juste K.O ! J’ai passé un mois le popotin collé à mon siège de bureau à envoyer des mails personnalisés, à faire des GIF, à corriger les visuels, à en refaire de nouveaux pour les updates en cours de campagne, à aller chercher un par un les tous premiers contributeurs (amis, famille et fans de la première heure), etc. etc. etc. Ah, précision : je suis solo founder donc, mais j’ai la chance d’avoir un mari en or qui a rempli les rôles de cuisinier et d’homme d’intendance avec brio 100% du temps et je n’ai pas d’enfant (merci aux femmes/hommes de l’ombre, on vous aime ❤️). Bref, trois semaines se sont écoulées depuis la fin de la campagne, j’ai moi-même du mal à y croire mais vraiment, ne sous-estimez pas l’ampleur de la tâche et anticipez tout ce que vous pouvez !
Je ne rentre pas dans le détail de tout ce qu’il y a à faire dans l’année/les mois précédant la campagne (raconter les coulisses sur Instagram/FB, récolter des mails via une landing page, réactiver son réseau, faire des pubs FB pour avoir de nouveaux prospects quelques mois avant la campagne idéalement, contacter des influenceuses et si possible, nouer une relation de qualité avec pour avoir des posts/stories au moment venu, etc.).
Par contre, voici la liste de micro-tâches non exhaustive qu’il vaut mieux avoir préparé avant de lancer le décompte, disons dans le mois précédant la campagne (car une fois qu’il est lancé, ça fait vraiment « tic tac » dans la tête pendant toute la durée de la campagne) :
- un fichier « contacts » avec les mails bien triés (le faire en amont permet de repenser à certaines personnes auxquelles on ne penserait pas dans la précipitation et de réactiver son réseau, d’une pierre deux coups)
- les contacts triés par petit groupe. On dit qu’il faut « envoyer des mails personnalisés » mais ce n’est pas forcément tout le temps un par un absolument, mais par groupe de quelques personnes. Ex : les copains de la fac, les anciens collègues, les cousins/cousines, etc. A vous de voir qui vous pouvez regrouper dans un seul et même mail sans que ce soit impersonnel.
- le calendrier éditorial sur le mois de campagne avec les visuels et les textes (la trame générale) + programmer les posts. NB : si vous pouviez raconter votre histoire et, oh by the way, la campagne est toujours en cours (ne pas saouler les gens à marteler "campagne, campagne, campagne" à chaque post, c'est mieux).
- le contenu du mail de lancement de campagne (briefer l'entourage avec l’explication du nouveau restaurant vide qu’il faut remplir à 30% ==> se renseigner sur les grandes règles d’une campagne de crowdfunding) et si possible, la trame des suivants.
- les visuels/GIF pour les différents caps (la trame générale au moins)
Comme j’étais à l’arrach’ (pas eu le temps avant), j’ai fait toutes les tâches mentionnées ci-dessus sur le tas mais pour m’y retrouver un minimum, je notais dans un Google Sheet toutes les mini-tâches que je faisais au jour le jour.
Ah oui, ça parait bête mais reposez-vous un maximum AVANT pour être frais et en forme pendant la campagne (c’est un marathon). Prenez-vous quelques jours si vous pouvez. Aérez vous la tête en tout cas !
Stratégie
Grandes lignes à savoir (renseignez-vous en amont en fouillant le site d’Ulule ou de KKBB, il y a plein de ressources en ligne) :
- il faut avoir atteint 30% avant de faire le lancement officiel sur les réseaux sociaux (famille, amis = les premiers clients) ==> cap à atteindre dans les 5 premiers jours, idéalement dans les premières 48h
- en gros, calibrer son objectif affiché en fonction du nombre de personnes que l’on pense qu’ils vont contribuer dans les premiers jours (oui, il faut s’amuser à faire des pronostics sur ses proches et je conseille d’être prudent/pessimiste pour ne pas tomber de haut et plutôt avoir de belles surprises)
J’ai pu observer 2 types de stratégies :
- Celle qui consiste à atteindre les 100% ou plus dès les premières 48 heures pour atterrir sur la page d’accueil Ulule dès le début (forte visibilité) ==> adapté pour les projets avec un PM peu élevé (20-25€), les projets ayant déjà une grosse communauté à la base ; avantage = on s’affiche avec des 300% ou des 500% dès le début
- Celle qui consiste à cartonner à la FIN de la campagne après une progression « normale » ==> adapté pour les projets avec un PM élevé (+100€) car les gens ont besoin de cogiter un peu avant de sortir leur CB, les projets avec une mini-communauté de départ ; avantage = plus « réaliste » que de chercher à avoir un % affiché super flatteur, inconvénient = on stresse peut-être un peu plus tant qu’on a pas atteint les 100%
Topo sur la fixation de son objectif affiché :
Donc, on peut volontairement choisir d’afficher un objectif particulièrement bas pour « cartonner » dès le début. Pour ma campagne, j’aurais pu afficher 50 préventes (au lieu de 100) pour vite atteindre les 100% MAIS il y a souvent des minimum de production et une fois que les 100% sont atteint, il faut pouvoir s’assurer que la campagne continue de monter (penser alors à la gamification). Il n’y a pas de meilleur choix. C’est à vous de voir ce qui convient le mieux en terme stratégique et si vous pouvez assurer derrière dans le cas où vous atteignez uniquement tout pile les 100%. Je m’explique. Dans mon cas, j’ai donc mis en premier palier 100 préventes (100% = on finance la première production). Certains choisissent de mettre leur premier palier à l’achat des matériaux (100% = on achète les matériaux), il faut alors pouvoir être en mesure d’apporter le complément financier pour lancer la première production… Allez voir sur Ulule en tapant « valet de pique » (maroquinerie) ou « maison plouf » (lessive écolo) pour observer des exemples d’objectifs affichés tout petits.
Chiffres à avoir en tête (référence Ulule, mais j’imagine que c’est similaire chez KKBB) :
- On atterrit sur la page d’accueil Ulule lorsque le projet est financé à 80-90% et/ou lorsque la campagne est dynamique
- On atterrit dans la newsletter Ulule lorsque le projet est financé à 80-90% ou a dépassé les 100%, dès le début de la campagne ou vers la fin
Note : j’ai pris soin de parler de mon projet chez Ulule dans les mois précédant la campagne (participation à des évènements Ulule pour tâter le terrain et voir les réactions de l’équipe, story insta en utilisant le hashtag #ulule, je tenais au courant mon contact Ulule de l'avancée de la campagne tout au long de la campagne, etc.)
Mon hack ultime
À 5 jours de la fin, j’étais encore dans les 67%. Ça me stressait un petit peu quand même, même si jusqu’ici j’étais tout à fait dans les clous. Je connaissais les règles citées ci-dessus, il fallait absolument que j’atteigne les 80-90% pour avoir une chance de passer dans la newsletter d’Ulule pour les derniers jours. Il y a un hack qui ne se dit pas mais qui se fait, dans les dernière heures surtout, lorsque le projet est à deux doigts des 100% : le porteur de projet lui-même ou un proche « achète » des préventes pour atteindre les 100% car c’est le système du tout ou rien. C’est ce que j’ai fait : mon mari en or m’a fait du « stock d’avance » pour dépasser les 80% ce matin-là, à J-5 de la fin. Et il se trouve que certains se sont réveillés à la fin, j’étais à 96% à la fin de la journée. Bien. Il se passe 2 jours où je dépasse tranquillement l’objectif affiché des 100%. Je souffle. Bon, 108% c’est pas fou-fou, c’est vraiment pile poil pour financer la première production et je finis avec 3 cacahuètes mais au moins, le projet est lancé ! Je suis contente quand même. Mais à J-3, BOUM !!! Mon projet est relayé en début d’après-midi dans la newsletter hebdo d’Ulule (200.000 abonnés) et là, ça s’enflamme : +62 ventes en une demi-journée, soit presqu’autant qu’en 27 jours de campagne (je n’ai pas pu suivre en direct en rafraîchissant toutes les 2 minutes car occupée à répondre aux trolls qui m'attaquaient sur les pubs FB, mais mon entourage proche l’a fait et m’a raconté, le délire total). Ambiance de victoire de Coupe du Monde, en mieux ! Et les 2 derniers jours, des préventes supplémentaires pour arriver au score final de 215 préventes.
Le visuel d’accueil
Le visuel d’accueil a évolué pendant la campagne. J’ai terminé avec une 4e version. En gros : privilégiez le GIF, une grosse police bien lisible et votre proposition de valeur ultra claire, compréhensible en 2 secondes par un inconnu qui voit le visuel pour la première fois (pensez « troisième cercle » à la fin).
Pubs Facebook
Ça, c’est la partie… drôle ! C’est comme si on m’avait mise au volant d’un bolide pour une course de Formule 1 et que je n’avais même pas le permis scooter !!! Jamais touché au Facebook Business Manager avant de faire ma première campagne de pubs FB vers J-7. Mais heureusement que j’avais Marco dans l’oreillette (calibrage des pubs) et Nicolas également au début (structure d’une bonne pub vidéo). 1000€ de budget pour une semaine de pub (inclus dans le chiffrage de campagne pour atteindre le palier des 100%). C’était une semaine où je n’ai pas beaucoup dormi et où franchement, j’avais la tête plus grosse qu'une citrouille quand je rabattais l’écran de mon ordi. Bref, un vrai baptême de feu ! Marc a analysé les chiffres il y a quelques jours et c’est prometteur. Franchement, MERCI 1000 FOIS à tous les deux !!!
Maintenant, si c’était à refaire : j’aurais lancé en amont quelques pubs FB/Insta pour récolter des emails, faire grossir mon compte Insta et surtout, tester les visuels et les textes AVANT le lancement. Les commentaires des curieux qui ne me connaissaient ni d’Eve ni d’Adam, m’ont aidé à détecter ce qui coinçait dans mon argumentation et à reformuler le texte pour arriver au visuel d’accueil final (à J-5 ==> flux tendu).
Accompagnement
À l’origine, je voulais être épaulée par une agence de com’ spécialisée dans le lancement de campagnes de crowdfunding car tout gérer seul(e), je pressentais que ça allait sportif... Le but était de déléguer la partie technique pour pouvoir me concentrer sur la recherche d’influenceuses notamment et tout le reste en fait (tâches du type optimisation de landing page test pour avoir une landing page qui convertit, installation d’outils de tracking type hotjar, google analytics, pixels FB, pubs FB pour définir les audiences qui marchent, etc.). Finalement, les choses se sont enchaînées. J’ai fait sans et je m’en suis sortie !
Si c'était à refaire, je ne sais pas ce que j'aurais fait. La seule chose que je sais, c'est si j'avais délégué cette partie (et investit une somme d'argent), ça aurait été pour viser au moins les 500 préventes. Bon, seule, c'était le skateboard, il a roulé et c'était très bien comme ça !
Voilà, vous savez tout des coulisses de cette campagne.
Yushing